Ma première participation à une course d'hydrofoil depuis l'an dernier. Oui l'an dernier j'ai commencé les courses de kite en hydrofoil à la première édition de FORK. Enivré par l'expérience, j'ai aussi participé à un week-end de courses à Martha's Vineyard fin septembre et un autre à St. Petersburg FL début novembre. Ces expériences m'ont guidé et influencé dans ma pratique: utiliser des cordes de 12 ou de 15m (pour des raisons pratiques, j'ai opté pour 14.5m) et apprendre à exécuter les manoeuvres de virement de bord et d'empannage aériens (sans que la planche ne touche à l'eau) avec changement de pieds. J'ai travaillé d'arrache-pied et répété les manoeuvres des centaines de fois avant de commencer à en réaliser quelques-uns. Cette fin de semaine, en compétition, j'ai constaté que tout ce travail a payé, j'estime avoir réussi 80% des manoeuvres.
Ce printemps, j'ai eu le privilège de me faire offrir une commandite de IO Boards par Martin Gourdeau, merveilleux shaper, qui m'a confectionné une planche d'hydrofoil sur mesure: 140x45 cm, 30 litre, 7,5 cm d'épaisseur, côtés biseautés, légère et agile, avec laquelle je navigue depuis le début de la saison de kite.
Cet été, j'ai aussi pris la décision de changer de foil, je suis resté dans la série Spotz, je me suis procuré un Spotz 4 Shark avec mat de 108 cm. Sauf que je ne l'ai reçu que deux jours avant FORK. Je n'ai pu tester ce nouveau foil qu'une dizaine de minutes avant le début de la compétition. Après un tout petit ajustement du stabilisateur (l'aileron arrière), je retrouve ce que je recherche: un bel équilibre de pression des jambes avants et arrières de sorte qu'on n'a pas à appuyer trop fort sur le pied avant lors des bords rapides au largue (downwinds), je suis prêt pour les courses. Kite Flysurfer Sonic 2 13m avec lignes de 14.5m.
J'appréhendais ce premier virement de bord en course que j'ai tant pratiqué, que je me disais que je devais réussir et ... je l'ai manqué. Dans une course que l'on pourrait qualifier de normale, on fait généralement 3 virements de bord et 2 empannages. Après 6 courses plutôt satisfaisantes, j'ai réussi tous mes empannages aériens (12) et tous mes virements de bord sauf 2 (16/18). Je suis entièrement satisfait de mon tout nouveau foil. C'est comme mon Spotz 2, que je trouvais déjà très bon, mais en mieux. Je termine la journée 9e après avoir fait 9-7-7-9-8-7.
Le samedi, le vent tarde à se stabiliser. Il donne des mots de tête au bateau comité par ses changements de direction et aux coureurs par ses changements de force. Pour les 3 premières courses, j'opte pour la 13m. J'étais un peu chargé et le plan d'eau était plutôt hostile avec une houle importante, mal alignée et démontée. Journée difficile. À cause de l'importante houle combinée au clapot, mon foil cavite, perd toute sa portance et me fait tomber plus d'une fois, comme c'est le cas pour plusieurs autres concurrents.
Durant l'heure du lunch, le bateau comité nous annonce un vent mesuré à 25 noeuds avec rafales à 30, un vent tout à fait dans les cordes de la Sonic 2 9m. La houle qui atteint parfois 6 pi dans le lac Ontario devient difficile à gérer en foil et on se tape 3 courses dans ces conditions. Il est surprenant de constater que notre vitesse au près diminue autour de 30 km/h dans ces conditions quand elle est plutôt autour de 35-40 km/h (19-21 noeuds) habituellement. Je termine la journée exténué et un peu déçu de mes résultats (10-10-10-10-11-8) mais je conserve tout de même la 9e position.
La dernière journée annonce l'utilisation des grosses pointures avec le vent de 6-8 noeuds prévu. Le premier départ doit être lancé à 12h00. À 11h45, un premier concurrent se lance à l'eau, et son kite décide d'aller le rejoindre quelques secondes plus tard. On attend tous avec nos kites de 15 à 20m (j'avais préparé la 18m) que le vent se lève un peu avant de partir. Un deuxième concurrent avec un kite de 20m se lance et après plusieurs minutes, réussit à partir. Au large, le vent était un peu plus fort que dans la zone de décollage. Le vent lève un tout petit peu plus, je me lance à mon tour avec ma 18m. Je pars sans problème avec un puissant kiteloop qui m'a littéralement arraché de l'eau. Au large, durant l'attente des autres concurrents, le drapeau AP (courses retardées) est hissé. Le vent monte de plus en plus et nous devenons de plus en plus chargés avec nos kites. Une fois tout le monde sur l'eau, le drapeau AP est affalé et la séquence de départ est donnée pendant que je souhaitais avoir ma 15m au bout de mes cordes. Je réussis tout de même à décrocher une 9e place et je rentre immédiatement changer de kite pour la 15m. Mon départ suivant a été affreux. Le vent avait viré et j'étais mal aligné pour prendre le départ tribord amure, je suis arrivé sous le vent de la ligne de départ. J'ai dû effectuer un virement de bord pour passer la ligne de départ. Par la suite, une série d'erreurs de jugement et d'exécution de ma part: j'arrive trop bas à la bouée au vent, ce qui demande deux virements de bord supplémentaires, j'arrive trop haut à la porte sous le vent, ce qui demande un empannage (raté) supplémentaire et deux virements de bord (un raté) de plus. Quand ça va mal... on dit que c'est le métier qui rentre. J'ai suivi le reste du groupe en ne dépassant que quelques concurrents pour mon pire résultat de la fin de semaine, une 13e place (Cliquez ici pour voir le parcours de cette course de marde).
À l'avant-dernière course, je prends un bon départ et je suis les meneurs. C'est libre en arrière, je vire quelques secondes avant eux. Arrivé sur la ligne de la bouée au vent (on appelle ça la layline), je vire. Un peu avant que j'arrive à la bouée à contourner pour commencer à aller downwind, 3-4 kites (les meneurs) s'accrochent, bloquant et compliquant le passage pour ceux derrière eux qui les ont suivis. Je monte un peu plus le vent pour les éviter, contourne la bouée, et je descends le vent la pédale au fond (environ 50 km/h dans ces conditions). Je compte les kites en avant de moi: 1-2-3. Je suis 4e à ce moment, mais je n'ai pas encore complété le premier tour de 2. Il me reste 2 empannages et un virement de bord à réussir, ainsi qu'une solide remontée au vent et deux downwind à fond la caisse. Je réalise un sans-faute et conserve ma 4e position, que je célèbre avec fierté et les félicitations des trois premiers concurrents quand je passe près d'eux.
Quelques observations d'après course:
1. Les meneurs sont juste un tout petit peu plus rapides que les autres. Pour les avoir suivi, je dirais de l'ordre d'environ 2-3 km/h pas plus. Ils se distancent de moi à peu près comme s'ils marchaient d'un pas lent.
2. Les meneurs sont un peu meilleurs partout. Ils réalisent les virements de bord tellement rapidement qu'ils gagnent 3-4 secondes juste là. Lors des empannages, il ne ralentissent pas lors du changement de pied. Mon % de réussite diminue rapidement au-delà de 40 km/h, c'est pourquoi je dois réduire ma vitesse à chaque empannage, comme plusieurs concurrents. Ils doivent gagner 8-10 secondes juste là.
3. Il n'y a rien comme faire des courses pour se mettre dans l'état d'esprit course. En pratique/entrainement, je trouve impossible de le faire. Quand il vente 25 noeuds, je trouve difficile de cranter et descendre le vent à toute vitesse. En vent plus léger, on va vite, très vite, une vitesse habituellement inconfortable. En course, je n'y pense même pas, ça se fait tout seul.
4. Même si certains résultats de course peuvent parfois être décevants, j'ai eu le plaisir de participer à 17 départs, qui donnent 17 chances de se reprendre et de trouver son plaisir à bien réussir son parcours. Oui il y a ceux en avant, mais il faut aussi penser qu'il y en a en arrière, et les victoires personnelles.
5. La concentration requise pour bien gérér les départs de course font en sorte que j'oublie souvent de démarrer l'enregistrement des parcours avec ma montre GPS, c'est pourquoi j'en ai si peu.
6. Victoire personnelle: je ressens une petite fierté d'avoir réussi à réaliser virements de bord aérien et empannages aérien en course et d'avoir réussi plusieurs courses sans faute (sans tomber) et sans que la planche ne touche à l'eau lors des manoeuvres. C'était un gros morceau pour moi. J'ai vraiment cassé la glace et vu que de plus grandes performances sont possibles et atteignables. Les meneurs m'ont eu dans le rétroviseur et je les ai eu dans ma mire à quelques reprises.
Ce que je vais pratiquer prochainement: la fluidité et la rapidité des manoeuvres, une seconde à la fois, un km/h à la fois.
Normand