Les caissons de course à allongement élevé, quelles belles machines. Le premier kite digne de ce nom que j'ai piloté a été en 2010, la Elf Sub-Zéro 16m de Simon Gill avec laquelle il remportait toutes les courses, où on ne pouvait rien faire avec nos Speed 3 15m, 19m, 21m. Des kites qui fendent l'air comme un couteau chaud dans du beurre mou. C'est en vent léger qu'on sent le plus la différence. Au fil des ans, j'ai aussi eu la chance d'essayer ou de voir en action les ParaAvis, Chrono, GIN, Diablo, Élite et quelques prototypes. Ces kites ont tous un point en commun: la vitesse instantanée, l'excellente performance en vents légers.
Ce qui est impressionnant de ces kites, c'est la plage d'utilisation (le wind range). Les constructeurs ont fait des miracles en réussissant à amener ces kites loin en bord de fenêtre tout en demeurant stable, de sorte que la plage d'utilisation s'étend significativement vers le haut. C'est un différenciateur important en faveur de ces kites. J'ai pu le vérifier en course à l'hiver 2015. Je dirais aussi que le rayon de virage (l'agilité du kite), un reproche commun aux caissons, s'est grandement amélioré. Le prix à payer pour cette performance: sortir des sentiers battus, gérer un kite avec beaucoup de brides, faire des décollages qui demande un peu plus de doigté, avoir le guts d'aller sur l'eau avec un kite sans structure gonflable, bref, réapprendre et se discipliner. Je sais que les kites à caissons n'ont pas bonne réputation auprès d'une partie des pratiquants du kite (difficile à décoller, ça ne redécolle pas sur l'eau, c'est compliqué, les brides sont toujours mêlées, pas performant, ça ne tourne pas, plage d'utilisation limitée). Malheureusement, ces mythes persistent. Je ne suis pas un dieu ni même un demi-dieu, pourtant, mes garçons et moi ne vivons pas ces problèmes et constatons le contraire.
Les gens qui me connaissent savent que j'ai toujours apprécié tester les limites du vent léger, d'abord en 19m et 21m avec de gros twintips, ensuite en planche de course et en hydrofoil depuis 2009. L'avancement des hydrofoils a grandement repoussé les limites du possible, surtout avec l'arrivée d'hydrofoils de performance.
J'ai attendu plus de 6 ans avant de me procurer des kites de course, par souci budgétaire et familial. Nous sommes 3 à faire du kite moi avec mes deux garçons, j'ai besoin de kites appréciés et utilisés par tous. Et à ma grande surprise, mes gars adorent les Sonic.
L'
article sur F-One mentionné sur le "chat" apporte un éclairage intéressant sur le développement de leur aile de course. Je ne savais pas que ça venait de GIN. Il s'y dit aussi des choses qui m'ont fait sourire et d'autres où mon expérience m'ont faire dire "oui, c'est exactement ça". Par exemple, qualifier la navigation sous les 10 noeuds de "ultra light wind" me fait sourire quand je pense que je ride en Speed 4 Lotus 10m dans ces conditions, que je suis bien chargé et que ça avance vite. À mon poids (200 lbs, 90 kg, 14st2), la balance 10 noeuds = 10m mentionnée dans l'article est juste. En vent très léger, quand le kite peine à tenir dans les airs, on se sent accélérer lorsque l'hydrofoil déjauge. C'est à ce moment que l'on sent l'action du vent apparent sur le kite. Le kite devient chargé, vivant, puissant. YEAH!!!! On se demande si le vent n'a pas monté soudainement d'une coche ou deux. Mais je dirais que le ultra light wind commence sous la barre des 7 noeuds.
On mentionne plus haut qu'en vent léger, les caissons sont plus délicats à piloter. Cette affirmation est tout à fait vraie ... pour tous les kites, ce n'est pas spécifique aux caissons. La différence entre les caissons et les gonflables dans ce domaine sera à quelle force de vent le kite deviendra difficile à piloter. Par exemple, autour de 6 noeuds, il est difficile de faire tenir un kite gonflable dans les airs. Le caisson sera plus facile à faire tenir.
Sommes-nous obligés d'avoir un kite hyper performant pour faire du foil? Non. Bien sûr qu'il est idéal par exemple d'avoir un kite de vague et un surf agile pour aller faire de la vague, mais rien n'empêche quoi que ce soit. Je ride souvent en foil en Speed 4 Lotus pour la légèreté et l'imperméabilité du merveilleux tissu Lotus. Je crois que c'est un des kites qui tient le mieux dans les airs et dont la décollabilité et redécollabilité est le plus facile. L'avantage des caissons dans le vent léger est indéniable. J'ai déjà eu des séances de 20-30 minutes avec mes Speed 4 Lotus dans l'eau par manque de vent ou bris de matériel, pour réussir à les redécoller ensuite sans jamais avoir touché au fond.
Flysurfer64 a écrit:Si ceux qui ont choisi un de ces modèles pouvait partager leur processus de sélection, ce serait très apprécié.
Dans mon cas, vu ma proximité avec Flysurfer, j'ai évidemment une inclination naturelle vers ces produits et un historique étendu d'expérience. J'apprécie grandement aussi la possibilité d'ajuster ces kites (mixer test) pour compenser le rétrécissement des brides avec l'âge. L'impossibilité d'ajuster facilement la cambrure est un no-go pour moi. Mais je ne m'empêche jamais d'essayer d'autres produits, par souci comparatif mais aussi pour le plaisir d'essayer d'autres choses et voir ce que les autres font.
Flysurfer64 a écrit:Certains (sur les Forums US) partagent que les Chronos sont plus techniques en pilotage.
Quelque part, un kite, c'est un kite. Tu tires à gauche, le kite tourne à gauche, tu tires à droite, le kite tourne à droite, tu tires sur la barre, le kite prend de la puissance, tu repousses la barre, le kite perd de la puissance, tu tires trop longtemps sur la barre par vent léger, le kite backstall et recule. Chaque modèle de kite a ses particularités, le kite à caisson haute performance n'y fait pas exception. Il serait réducteur d'attribuer une caractéristique de pilotage seulement au Chrono. Alors la question devient "est-ce que les kites de course sont plus techniques à piloter?" Je serais porté à dire que non, seulement différents, et il faut simplement prendre le temps d'apprendre ces différences.
Une chose que j'ai noté avec les kites de course est que lorsque je suis sur une planche pas performante (autre chose qu'une race ou qu'un hydrofoil), je dois faire attention quand je lance le kite pour partir. Il va tellement vite en bord de fenêtre qu'on doit souvent le relancer une deuxième fois car puisqu'on a pas encore de vitesse, on ne suit pas le kite et celui-ci se retrouve trop vite trop loin en bord de fenêtre et ne tire plus. Je vais souvent utiliser des backloops pour partir en vitesse.
SebM a écrit:Je constate que la Chronos est la plus difficile à redécoller. Je ne l'ai pas essayé, juste plusieurs observations d'autres rideurs.
Ce que je peux dire à ce sujet pour l'avoir essayé à quelques reprises, c'est qu'elle semble prendre l'eau plus rapidement que les Flysurfer. Il ne faut pas faire d'erreur et il faut faire vite avec ces kites. Je ne peux malheureusement pas parler des autres marques, n'ayant pas vérifié cet aspect.
Flysurfer64 a écrit:Le re-launch en LW est mon critère go-no-go
Les caissons redécollent définitivement mieux en LW, même en position inversée. Maintenant à savoir lequel redécolle le mieux, je dirais que c'est probablement comparable si on exclut le facteur infiltration d'eau.
Normand